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Dimanche 15 janvier 2017 : incursion du CHAAM sur les terres du marquis de Panisse-Passis.
L'intrusion commence par le siège du site de La Garde et ses vestiges médiévaux.
Marche vivifiante dans la fraîcheur matinale de janvier. Sur le sentier, nous croisons une fontaine.
À travers la forêt, on aperçoit la Madone de La Garde au sommet de sa tour...
La Garde est l'un des quartiers médiévaux à l'origine de la commune. Sur ce territoire, plusieurs sites d'occupation ont été décrits :
- Un, supposé se tenir sur une crête, au sommet d'un mamelon, habitat créé pour garde et refuge dont il resterait une enceinte de pierres sèches signalé par M. Brétaudeau "Les enceintes des A.M." (époque haut Moyen Âge VI - Xe siècle)
- Un autre plus bas, premier site médiéval avec église signalée en 1113, dédiée à saint Martin, confiée à l'Abbaye de Lérins, un castrum avec château et paroisse castrale mentionnée en 1139, acte conservé dans le cartulaire de Lérins. Ce premier site aurait été abandonné au début du XIIIe siècle pour être reconstruit au lieu dit Tour de la Madone. Seule une tour carrée arasée serait encore visible (d'après J.C. Poteur)
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C'est à La Garde II, deuxième site médiéval datant du XIIIe siècle que nous nous trouvons aujourd'hui.
L'installation du castrum sur le site semble dater de 1227-1230. La construction de la tour doit probablement être attribuée à Romée de Villeneuve entre 1227 et 1230.
La création de la nouvelle église pourrait dater aux environs de 1351.
Le château sera occupé pendant 150 ans, jusqu'à sa destruction ordonnée en 1391 par la reine Marie, comtesse de Provence, tutrice de Louis d'Anjou, pour chasser les brigands qui s'y étaient installés et aussi, pour des raisons politiques car ce territoire était disputé entre la Maison de Savoie et le Comté de Provence.
Le château sera assiégé et détruit par les milices de Saint-Paul, Grasse, Cannes et Mougins.
L'église souffrira de cette attaque, puis de l'abandon qui en résultera.
Seule la tour résistera et sera restaurée par la suite, au XIXe siècle.
Quelques précisions sur les éléments du site :
- vestiges de l'enceinte sur deux niveaux
- le pigeonnier
- le chapelle
- la tour et le logis accolé
- au pied du château, les fondations de maisons enfouies dans la broussaille.
En arrivant sur le site, ce sont les vestiges de la chapelle que l'on rencontre d'abord.
Deux pans de mur subsistent, les fondations sont visibles sur le pourtour.
La nef est prolongée à l'est d'un chœur de plan carré. Le chœur qui a la même largeur que la nef était séparé d'elle par des pilastres.
Un cordon en quart de rond marquait le départ d'une voûte en berceau couvrant le chœur.
La porte, en façade occidentale près de l'angle nord, présente deux piédroits surmontés de coussinets concaves qui soutiennent un linteau droit.
Construits en blocs de calcaire blanc, ils révèlent une volonté esthétique car le terrain est, ici, volcanique. La pierre locale est l'andésite, roche volcanique de couleur grise. Le calcaire amené sur le site provient d'un lieu assez éloigné.
Le mur nord et les restes du chœur présentent un appareil assisé, souvent remanié en employant l'andésite.
L'église a été construite après 1200, et remaniée à l'époque moderne. Elle tombera en ruines après la période révolutionnaire mais au début du XXe siècle, une messe champêtre y était encore célébrée annuellement.
On suppose que le site a sans doute connu plusieurs remaniements car on retrouve des blocs de calcaire blanc en probable réemploi dans certains murs.
Côté ouest, le pigeonnier dont la particularité réside en une fenêtre centrale et des alvéoles séparées.
Le logis, abrité derrière le donjon est accessible par un escalier dont on ignore si il était l'accès d'origine.
La tour est une construction attribuée à Romée de Villeneuve entre 1227 et 1230, un peu avant qu'il ne dresse le donjon de son château, vraisemblablement pour servir de relais de signalisation.
C'est une tour pentagonale, de 14m de haut, dont la pointe est dirigée vers une attaque possible au sud, selon une technique de fortification caractéristique du XIIIe siècle selon M. Poteur.
La porte, volontairement inaccessible, est située sur le côté abrupt. Il fallait une échelle pour y parvenir, échelle que l'on pouvait aisément retirer en cas d'attaque.
Eric Guilloteaau a pu y accéder et a décrit trois niveaux : le premier est éclairé d'un jour, il reste des vestiges de ressauts pour accueillir poutres et planchers. La partie supérieure a été restaurée.
De la terrasse au pied de la tour, vestige du logis, une vue imprenable sur le château de Villeneuve, Cagnes-sur-mer, Saint-Paul-de-Vence...
Au pied de la tour, quelques vestiges de maisons...
Ici, des éboulis de roches volcaniques... Un volcan situé au-dessous de la ville de Biot a projeté bombes et cendres jusqu'à Monaco à l'est et Saint-Vallier à l'ouest. Les pierres et la cendre solidifiée forment un mur que l'on pourrait croire construit par l'homme. Il n'en est rien ! C'est le volcan le bâtisseur !
La forêt de chênes, dont les troncs ont tous le même diamètre, laisse supposer l'exploitation d'une charbonnière, le chêne étant utilisé pour faire du charbon de bois.
Nous laissons la Madone de La Garde à sa solitude pour rejoindre Villeneuve-Loubet.
Après avoir partagé un délicieux repas au restaurant et voté à l'unanimité les rapports présentés lors de l'AG du CHAAM, nouvelle marche, digestive cette fois, et prise d'assaut du château de Villeneuve-Loubet.
Nous sommes arrêtés devant l'enceinte extérieure.
Datée de 1530, flanquée de canonnières, elle est construite avec les pierres volcaniques locales, l'andésite.
Une fois franchie la première enceinte, un autre obstacle : l'enceinte intérieure, ses tours, canonnières, fossé et pont-levis.
Le château de Villeneuve-Loubet est un château défensif.
Passé le pont-levis, un jardin magnifique !
Jusqu'au XIXe siècle, le parc était planté d'oliviers. Le jardin a été créé à la fin du XIXe siècle avec des espèces exotiques dont certaines sont remarquables. Les plantes ont été choisies à feuilles non caduques afin que le jardin reste vert toute l'année.
Le château et son donjon se dressent au-dessus de la végétation.
Jamais restaurée, même après la dernière guerre quand, en 1944, les bombardements américains et canadiens l'ont endommagée. Le propriétaire a voulu garder le donjon ébréché comme cicatrice de l'histoire. Mais aujourd'hui, quelques pierres menacent de tomber et le sommet du donjon est enveloppé d'une bâche de protection en attendant consolidation.
L'intérieur est très sobre. Au rez-de chaussée, la porte s'ouvre sur une pièce qui devait servir de magasin, entrepôt ou salle de garde.
Les fenêtres dans l'épaisseur des murs...
Dans la cour intérieure, une calade en galets de rivière...
Sur les murs s'éparpillent des blasons, rassemblés ici sur une seule image...
Sous une fenêtre, une inscription datée de 1533.
Une autre située cette fois, au-dessus d'une autre fenêtre...
...et un résumé de l'histoire du château sur un mur.
Le donjon domine.
Contre un mur, un puits aux lignes épurées, posé sur les galets...
Dans un angle, la chapelle...
... et ses fresques récentes, de 2011, dont le but est de traduire l'élévation vers le spirituel plutôt que le fait religieux.
A l'entrée de l'église, le blason de la famille Mark-Tripoli de Panisse-Passis avec les trois pointes de diamant ou triangles d'argent, les pointes en haut, surmontés d'une étoile (pour Mark), douze épis de maïs (pour Panisse), croix et deux dauphins (pour Passis).
Nous quittons le château de Villeneuve sur ces mots en latin gravés sur une plaque fixée sur un mur, mots tirés du psaume 126 de la Bible et dont traduction est :
"Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain"
Merci au CHAAM et à notre organisatrice Michelle pour cette invasion pacifique et rondement menée sur les terres du marquis de Panisse-Passis !
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