Utelle est un village perché qui comprend plusieurs hameaux.
Ethymologie :
Plusieurs origines possibles :
– Uels, c’est à dire Œil, dit que sa position naturelle en fit de tout temps une sentinelle vigilante.
– Ut, qui signifierait promontoire en celtique.
Un peu d’histoire :
A l’âge du Bronze, la région était occupée par les Vésubianis dont on retrouve le nom sur le Trophée d’Auguste à La Turbie.
En 1150, mention d’un castrum de Utelis dont il ne subsiste rien.
Le village, situé sur la route du sel, était prospère.
Ses chartes anciennes révèlent les ambitions d’une communauté attachée à son indépendance et à la reconnaissance de ses privilèges, confirmés dès 1352 par la reine Jeanne, comme le privilège de porter des couteaux de longueur non limitée, d’où le surnom des Utellois « les couteliers ».
En 1388, Utelle passe à la Savoie.
A la Révolution, le 24 novembre 1793, le Général Masséna prend Castel Ginesté où il installe un canon qui lui permet de s’emparer d’Utelle.
La première église date du XIVe siècle. L'église aurait été en grande partie détruite par un tremblement de terre. Seule cette partie serait restée debout. On remarque, au dessus de la porte, des incrustations de bols en céramique, disposés en forme de croix, qui reflètent la lumière.
Dans les années 1520/1550, l’église est reconstruite.
Les vantaux de la porte, réalisés en 1542, représentent la vie de saint Véran en douze panneaux.
Saint Véran était l’évêque de Cavaillon et la légende raconte qu'il a fait un miracle ; il a vaincu un dragon, le Couloubre, qui provoquait des malheurs aux habitants du village. Le dragon est parti pour s’échouer à Saint-Véran, en semant sur sa route des gouttes de sang qui sont devenues des villages.
Protecteur des enfants, le saint agissait aussi contre la peste.
L'église possède un mobilier important, un retable de la Passion magnifique,un Christ au Tombeau, des tableaux.
La tradition orale raconte que Napoléon voulait prendre ce retable pour l’envoyer à Paris. Les habitants avaient alors convenu de piqueter le retable pendant la nuit pour montrer qu’il était vermoulu. Ils auraient dit que le tableau n'était pas transportable et Napoléon aurait alors renoncé à son projet.
Le retable a été examiné par des experts, il est en parfait état et pas du tout piqueté.
La chapelle Sainte-Croix
C’était la chapelle des Pénitents blancs. C’est ici qu’a eu lieu le vote en faveur de l’annexion à la France en 1860.
On y trouve un retable en bois sculpté et doré du XVIIe siècle représentant une descente de Croix inspirée du tableau de Rubens réalisé pour la cathédrale d’Anvers en 1614.
Cette place est le cœur historique du village avec l’église, l’hôpital Sainte-Christine et l’ancienne mairie, au départ de la rue Passeroni.
Construit sur une galerie en arcades, ce dernier édifice comporte deux cadrans solaires en angle, surmontant les armes de la maison de Savoie et celles de la commune d’Utelle, assez fidèlement reproduites puisque les armoiries officielles sont « D’argent aux deux pals d’azur, à l’ours de sable, brochant sur le tout ».
Faisant face, la Maison Thaon est une ancienne demeure noble, XVIIIe, construite sur arcades et décorée de fresques. Dans la montée de la rue du Planet se trouve l’ancienne prison communale. Telle qu’on peut la voir aujourd’hui, la fontaine date de 1898.
Cette maison est le legs d’un notaire aux Pénitents blancs dans le but d’en faire un hôpital.
La fondation de l'hôpital est prévue dans le testament du notaire ducal Jacques CRISTINI fait le 16 avril 1686. Le notaire demande que la confrérie du Gonfalon (celle des pénitents blancs sous le vocable de la Sainte-Croix) établisse un hôpital pour les pauvres de ce lieu et les autres … pour ce, le chapelain de la dite confrérie devra faire réparer sa maison.
La date de 1765, figurant sur le portail, marque la véritable date de création de cet hôpital-hospice.
Les sœurs hospitalières de la congrégation de Saint-Vincent-de-Paul se chargèrent des soins aux malades de 1834 à 1928, date de la fermeture de l'hospice.
Cette chapelle est à l’entrée sud du village, c'est-à-dire à l’arrivée de la grande route muletière montant du Cros par Le Villars et surtout venant du littoral par Levens et le Pont de La Madone.
Dédiée à saint Sébastien, invoqué contre la peste, il s’agit donc d’une chapelle-barrière protégeant le village des épidémies véhiculées depuis les ports du bord de mer. Sa datation n’est pas connue mais la chapelle apparaît dans deux chartes en 1499, lors de la concession d’un pré et d’un fenil que l’on situe « près de la chapelle Saint-Sébastien ».
Ouvrant sur une large place, elle a été malheureusement désaffectée et convertie en grange-bergerie : sa façade avait été murée et la chapelle divisée en deux niveaux par un plancher.
Point stratégique entre les vallées de la Vésubie et de la Tinée sur la route du sel, on y percevait la gabelle. Les fermiers de la gabelle avaient tout intérêt à ce que laroute de Nice en Piémont soit la plus courte, la plus rapide à parcourir de façon à baisser au mieux le coût du transport.
C’est pour cette raison qu’un entrepreneur, Paganino dal Pozzo, exécuta des travaux importants, tant sur la route de la Roya que sur la route de la Vésubie.
[…] En 1423, il est déjà gabelier, en 1430 il est adjudicataire de plusieurs gabelles, en 1433 Paganino déclare construire une nouvelle route de Lantosque à Levens. En 1436, la route Saorge-Breil, difficile et fatigante, a été déviée et reconstruite par Paganino del Pozzo. Les travaux de la route de la Vésubie sont terminés en 1439. En 1441, le duc cède à Paganino de nombreuses gabelles. [...]
Paganino avait obtenu l’autorisation d’instaurer un péage sur sa route. Or, ce site est l’endroit idéal pour l’y installer, car la configuration des lieux ne permet pas de le contourner. Ce péage a dû donner son nom au quartier Pagari. C’était le lieu où on devait payer. [...]
Lieu de pique-nique du CHAAM, c’est aujourd’hui un belvédère sur la vallée, le château ayant été détruit par un séisme.
En contre bas, on aperçoit les vestiges d’un moulin.
Le sanctuaire de la Madone d’Utelle
La légende raconte :
Vers l'an 850, des Espagnols naviguant le long des cotes de Provence furent pris par une tempête terrible, près de l'embouchure du var. Près de périr, ils firent vœu de bâtir une chapelle dédiée a la vierge si la tempête se calmait et leur laissait la vie sauve. Pendant qu'ils priaient, la Reine de Ciel leur apparut et leur montra une montagne. La montagne était éclatante de lumière et dominait toute la région. Le ciel y était serein, en effet, et cette sérénité s'étendit bientôt partout, le vent cessa et la tempête fut calmée en un instant. La puissante Mère de Dieu les avait exaucés d'une façon miraculeuse. Les navigateurs furent fidèles à leur promesse : ils gravirent donc les flans escarpés de la montagne que Marie leur avait indiquée et ils érigèrent un "Pilon" commémoratif du prodige
A la Madonne d’Utelle se trouve une borne avec sur les deux faces une inscription.
Cette borne datée donc de 1808 a servi à la préparation du cadastre.
L’établissement de celui-ci a été prescrit par une loi du 15 septembre 1808, et l’on voit donc que les géomètres se sont mis au travail immédiatement.
Les étoiles
La légende raconte que le 15 août, la Vierge détache de son manteau une pluie d’étoiles.
La géologie raconte autre chose : les étoiles proviennent du lys de mer, famille des échinodermes, à symétrie axiale d’ordre 5, d’où les cinq branches des étoiles.
A Digne, ces étoiles sont nommées étoiles de Saint-Vincent et ont été transformées en bijoux au XIXe siècle.
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