La première mention écrite date du 20 juin 1644. Elle confirme la concession à Charles Laugier des glacières de Peille et de Lucéram par la duchesse de Savoie et les princes Maurice et Thomas.
Après l'annexion du Comté de Nice à la France en 1860, le tourisme se développe sur le littoral. Des palaces somptueux accueillent une riche et exigeante clientèle. Les besoins en glace deviennent de plus en plus importants pour alimenter les nombreux commerces, hôtels, restaurants.
Le commerce de la glace s'amplifie au moyen de glacières, situées dans le Haut Pays niçois, en zone froide sur l'ubac des montagnes. On les trouve entre 800 m et 1500 m.
Les glacières sont des réservoirs à glace. Creusées dans le sol, de forme cylindrique, elles sont construites en pierres sèches. Leur diamètre varie de 5 m à 8 m et leur profondeur de 3 m à 6 m. Pour renforcer l'isolation, de l'herbe et de la terre colmataient les interstices entre les pierres.
Un escalier circulaire permettait de descendre au fond du puits.
Pour faire de la glace, il y avait deux méthodes :
soit en ramassant la neige, que l'on tassait dans la glacière en alternant couche de neige, couche de feuilles et d'herbe. Le neige se transformait ainsi naturellement en glace.
Soit en canalisant l'eau, qui gelait dans la nuit, puis on découpait les blocs de glace et on les entreposait dans les glacières en alternant les couches, comme pour les glacières à neige.
La glace était découpée à la pioche, emballée dans des sacs de jute, recouverte de branchage, et descendue la nuit au marché de Nice ou dans les palaces des villes côtières. Malgré toutes les précautions, les pertes étaient importantes (entre 20 % à 50%). Cependant, le commerce de la glace restait rentable. Comme le disait le proverbe : « Mieux vaut glacière pleine que grenier plein. »
On a recensé plus d'une cinquantaine de glacières dans le secteur de Lucéram, Peira-Cava, Moulinet. L'exploitation des glacières cessa vers les années vingt, avec l'arrivée de la glace industrielle.
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Les deux premières glacières que nous avons vues étaient des glacières à eau. L'emplacement des glacières à eau étaient soigneusement choisi : une pente pour que l'eau s'écoule, un endroit un plat pour creuser la glacière. Le vallon était aménagé en escalier pour freiner l'eau, afin que celle-ci ait le temps de geler.
La glacière ci-dessous est datée de 1868.
Pierre portant une date : 1868
Toutes les glacières du secteur sont de construction dite "italienne", c'est-à-dire de forme cylindrique, constituant une sorte de puits creusé à flanc de pente, en pierres sèches.
La glacière ci-dessous a été restaurée.
Glacière restaurée
A proximité, nous avons découvert un abri sous roche.
Abri sous roche
Nous avons aussi trouvé les vestiges d'une construction.
Vestiges d'une construction.
Un peu plus bas, une autre glacière dont il ne reste qu'un pan de mur. Les pierres auraient-elles été prises pour restaurer la glacière ci-dessus ? Se sont-elles écroulées ? Nous n'avons que des hypothèses sans certitude.
L'après-midi, nous sommes montés plus haut, pour voir les glacières à neige.
Contrairement aux glacières à eau, ici, pas de ruisseau. Les hommes ramassent la neige et la tassent par couches intercalées de feuilles, de branchages.
A proximité, une autre glacière à neige avec de gros blocs dans son mur.
Les gros rochers dans le mur de la glacière
La dernière glacière que nous avons vue est peut-être mixte : principalement à neige, mais, il y a un petit bassin à côté et une source. Servait-il à faire de la glace ?
Autre particularité, cette glacière n'est pas ronde, car empêchée par un gros rocher à sa base, impossible à tailler.
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