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La sortie du 18 mai 2014 du CHAAM nous a promené dans le Var.
COMPS-SUR- ARTUBY
Comps est situé à 900 mètres d'altitude, à proximité des cours d'eau Artuby et Jabron, des gorges du Verdon, du lac de Sainte Croix.
À la fin du XVIIIème siècle, d'après M. Achard, les rivières sont peu poissonneuses, à peine quelques truites. L'irrigation, impossible par l'Artuby, se ferait par le Jabron pour arroser blé, orge, seigle, légumes. Le village connaîtrait des disettes d'eau pendant 5 ou 6 mois par an car le canal est délabré. La grande route qui le traverse est une voie de commerce entre basse et haute Provence.
Le village abrite un relais de poste (aujourd'hui transformé en hôtel).
M. Achard précise qu'avant le XVIIIème siècle, il y aurait eu des vignes.
D'après Yann Codou, un document de 1180 autorise les curés à prélever la dîme en vin et non en foin, ce qui confirmerait la présence des vignes.
En ce qui concerne la préhistoire et l'Antiquité, aucun vestige significatif n'a été retrouvé.
Au Moyen-Âge, le village est situé sur une éminence rocheuse. D'après Yann Codou, le site castral existe au XIème siècle. Du château aujourd'hui détruit reste une porte débouchant dans l'église du village.
Lors de la guerre de succesion de la reine Jeanne, l'enceinte qui entourait le village a été démantelée. Le village se reconstruit en contrebas.
Au XVème siècle, les habitants se dispersent en hameaux (dont une partie appartient aujourd'hui aux militaires de Canjuers). Une date en atteste :
- 1461 : transaction entre les trois seigneurs du lieu, les habitants et le curé stipulant que le curé n'est pas tenu d'administrer les sacrements dans la campagne.
Depuis le début du XVIIIème siècle, la population a diminué d'un tiers.
Deux terrifiantes légendes habitent Comps-sur-Artuby :
- Dans une grotte d'un hameau, aujourd'hui dans le camp militaire, se trouvent des gnomides qui, le soir de Pentecôte, vous appellent et essaient de vous entraîner dans des abysses insondables...
- Sous l'église médiévale se trouve une grande maison dont les propriétaires successifs se sont rapidement débarrassés car la maison est hantée...
Trois églises médiévales sont toujours debout et classées par les Monuments Historiques pour lutter contre ces démons...
- LA CHAPELLE SAINT DIDIER
Toujours d'après M. Achard (fin XVIIIè), Saint Didier, patron du village, est fêté le 23 mai par un romavage (procession) qui s'effectue à la chapelle située à 700 pas du village. À cette occasion, les habitant des villages et hameaux voisins viennent pour la fête. On demande alors l'autorisation d'organiser une foire ce jour-là, mais cela n'a jamais abouti.
D'après Yann Codou, la chapelle, en style pur roman, date du XIIIème siècle.
Un arrachement de banquette surplombée par deux corbeaux laisse supposer un auvent pour protéger un dépositoire où l'on pose le corps d'une personne que l'on va inhumer. Un cimetière se trouvait sur le site.
La chapelle, très dépouillée, présente un lutrin...
... un "bénitier" qui n'en est pas un, car il a une évacuation à l'aplomb du dépositoire externe. Liquide béni devait s'écouler sur la dépouille, peut-être...
... un petit placard.
- L'ÉGLISE SAINT ANDRÉ
Ancienne église paroissiale de Comps, datée du XIIIème siècle, sa fête est célèbrée le 19 juin. Selon les sources, elle est dite "église des Templiers" ou "chapelle des Templiers et des Hospitaliers".
En 1233, une sentence stipule que le seigneur se dessaisit du château en faveur des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem.
En 1309, une reconnaissance est faite par les Templiers qui possèdent 6 tenures, mais pas de commanderie ici.
Ce sont les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem qui ont bénéficié d'une partie de la seigneurie avant d'en avoir la totalité au XVIème siècle. Ils ont bâti le patrimoine de Comps, les trois églises relèvent d'un même projet.
Dans le fond de l'église, une tribune, rénovée au XVIIè ou XVIIIè siècle. On distingue sur la droite l'ancienne porte de communication avec le château.
La base de l'autel est médiévale...
Le clocher aux tuiles vernisées date du XVIème siècle.
- LA CHAPELLE SAINT JEAN
Le romavage de la Saint Jean a lieu le 24 juin.
Splendide de dépouillement...
... elle devait avoir une tribune. On distigue des traces d'arrachement d'un escalier probablement en bois.
Comme les deux autres églises, la chapelle possède lutrin, placards...
... et corbeaux externes, sans doute à visée défensive, vu la proximité du château.
Nous quittons Comps-sur-Artuby pour un pique-nique sous l'ancien pont de La Souche.
Joli moment de détente au bord de l'eau...
... avant de repartir vers Bargème.
BARGÈME
Perché à 1097 m d’altitude, Bargème est le plus haut village du Var et offre une vue imprenable sur la vallée. On y cultivait les pois chiches, les lentilles, l'amandier, le fourrage pour les nombreux troupeaux de moutons. Il y eut aussi la culture de la lavande que l'on destinait à Grasse pour la fabrication de parfums.
- L'ÉGLISE SAINT NICOLAS
Les photos sont interdites à l'intérieur. On y trouve tableaux, retables, une tribune, autel baroque.
L'un des tableaux représente la légende de Saint Nicolas avec les trois enfants que le boucher avait découpés, mis dans un saloir, et auxquels Saint Nicolas a rendu la vie.
Un triptyque orne l'un des murs, face à Sainte Pétronille qui bénit troupeaux et pains avant le départ pour l'alpage. On la fête le 31 mai, la tradition perdure.
En 1595, Le seigneur Antoine de Pontevès a été assassiné dans cette église par des gens masqués alors qu'il assistait à la messe.
En 1995, l'église a été restaurée.
- LE CHÂTEAU
Le château est bâti sur trois quarts d'hectare, sur quatre niveaux, avec une tour ronde au trois quarts pleine...
... une tour carrée de la fin du XIème siècle, début XIIème.
La porte devait être l'entrée du seigneur.
On déambule dans les pièces mystérieuses, décorées de fleurs sauvages...
Un peu d'histoire :
En 1120, Douceline de Pontevès épouse Isnard d'Agoult. À la mort de ce dernier, elle donne terres et château aux enfants.
Au XVIème siècle, une terrible histoire ensanglanta le château : voir ci-dessous.
Mais comment parler de l'histoire du village sans évoquer le nom des Pontevès, et particulièrement celui de Jean-Baptiste de Pontevès, seigneur de Callas. La seigneurie de Bargème lui parvint au XVIème s. En 1578 (en plein coeur des guerres de religion qui ensanglantaient la France entière, et où s'opposaient les Ligueurs aux royalistes, et les carcistes aux razats en Provence), le seigneur, qui avait régné en effroyable dictateur sur ses sujets, était en procès avec les habitants de Callas. Menacé d'un jugement en sa défaveur, il fit appel à son neveu Hubert, le terrible Comte de Vins, et carciste devant l'éternel, qui rentra en ville avec ses hommes. Le village de Callas fut mis à sac, plusieurs de ses habitants furent égorgés ou rançonnés.
Jean-Baptiste de Pontevès et son fils menacèrent les habitants d'extermination, s'ils ne se désistaient pas du procès. De ce fait fut signée une transaction reconnaissant comme consenties et légitimes les usurpations et les spoliations du seigneur. En avril 1579, après que Hubert s'en retournât à Vins, un habitant du nom de Jacques Sassy, lieutenant d'une compagnie de Huguenots, accompagné d'une dizaine d'hommes réussit à s'introduire sur la place qu'il désarma, et Pierre de Pontevès (fils de J-B de Pontevès) fut assassiné. Le château fut alors pillé et entièrement démoli. Quelques mois plus tard, deux de ses fils, Joseph et Jean-Baptiste tombèrent à leur tour dans un guet-apens et furent égorgés. Le même sort fut réservé à leur frère Balthazar. Enfin, terminant la tragique série, en 1595, Antoine, fils de Joseph, âgé de 25 ans, fut tué dans l'église Saint Nicolas. C'est à la suite de ces tragiques événements que le parlement de Provence condamna les meurtriers à élever en 1607, en signe d'expiation, la chapelle N-D des Sept Douleurs que l'on voit un peu à l'écart, à l'ouest du château.
À la Révolution, on pense que le château était encore debout, après, on ne sait plus. Des pierres ont été retrouvées dans les maisons du village.
Entre 1960 et 1970, une mécène dont j'ai perdu le nom a financé des travaux de restauration du château.
En 2008, la mairie a racheté le château, à la mort de la duchesse.
- LA CHAPELLE ESPAÏME
Terminée en 1608 et placée sous le vocable de Notre-Dame des Sept Douleurs ; les habitants la nomment Notre-Dame d’Espaïme (mot provençal signifiant l’effroi, la peur, la douleur).
Quelques vues sur le château depuis l'église...
La journée se termine, nous repartons, laissant derrière nous le blason de la famille Sabran-Pontevès sur le mur de la dernière maison où ils vécurent.
Un grand merci aux organisateurs du CHAAM pour cette journée !!!
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