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Le 13 avril 2014, une sortie du CHAAM du col de Vence à Saint Barnabé pour retrouver les empreintes de l'homme et de l'érosion sur le paysage âpre.
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Le col de Vence
Les Romains occupent le site pour exploiter les pierres. Il n'y a pas d'habitat romain au col de Vence. La voie romaine reliant Cagnes à Castellane passe à côté de deux carrières antiques, dont une située au col de Vence. Cette voie semble n'avoir été d'abord qu'un chemin muletier que l'on peut dater de 175 au vu des noms des empereurs inscrits sur les bornes milliaires.
Nous traversons l'antique carrière.
Des fragments milliaires sont découverts il y a 25 ans parmi les roches blanches du col de Vence. Après quelques recherches, nous trouvons les bornes...
... et la "borne de M. Geist" dont voici l'histoire : en 1989, après quelques péripéties bureaucratiques, la décison d'amener la borne à Vence afin de la protéger est prise. Les pompiers doivent se charger du transport. Dans un premier temps, la borne est redressée, ce qui permet de constater qu'elle ne porte aucune inscription. Puis elle est couchée sur un luge pour être tractée. C'est là que le drame se produit ! La luge se renverse, la borne est brisée. Depuis, elle gît sur le site qui l'a vue naître, déplacée de deux mètres environ de l'endroit où elle a été trouvée.
Le paysage est marqué par le pastoralisme. L'épierrement en témoigne.
Les pierres sont rassemblées en petits tas pour permettre à l'herbe de pousser en abondance, afin de nourrir les troupeaux.
Parfois, l'amoncellement est plus gros.
Ce pierrier ci-dessous avait été observé par André Müller (vers 1995-1997) qui au vu de ses caractéristiques (léger enfoncement central et apparence de quelques aménagements de blocs) avait émis l’hypothèse, sans certitude avait-il précisé, d’un possible tumulus.
Quelques vues du paysage alentour...
L'art investit les pierres...
Dans ce décor de pierres se cache une flore progégée. Orchidées sauvages, muscaris et autres espèces sont en fleurs, le thym embaume...
90% des espèces de plantes sont protégées dans le département, département qui rassemble 95% de la flore française.
Sur le chemin, une ammonite fossilisée.
L'ammonite est le critère de fossile du Jurassique au Crétacé. C'est une coquille marine, de la famille des céphalopodes. L'animal n'occupe que la dernière loge de la coquille. L'ammonite ci-dessous provient d'un milieu peu profond. Une poussée des Alpes a fait remonter le terrain. Dans cet environnement calcaire, la coquille s'est dissoute. Ne reste que l'empreinte incrustée dans la roche.
La matinée s'achève. Après un sympathique pique-nique au col de Vence, nous partons vers Saint Barnabé.
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Saint Barnabé
Le plateau de Saint barnabé présente un paysage de dolines, épierrement, bergeries, enclos. L'érosion dolomitique est à l'origine de mystérieux rochers sculptés, nommés " le village nègre". Nous n'avons pas pu y aller, mais sur le chemin, nous trouvons quelques-unes de ces roches blanches énigmatiques.
Cernées par ces sentinelles de pierres, les dolines s'éparpillent sur le plateau. Ce sont des zones d'effondrement du terrain calcaire et horizontal, au-dessous desquelles se trouve un réseau karstique. Certaines dolines étaient cultivées de céréales. Des murs de pierres sèches sont construits pour lutter contre l'érosion et le remplissage. Dans d'autres on retrouve des vestiges d'enclos, de cabanes. L'embut, où s'écoule l'eau, est souvent comblé pour éviter que les brebis ne se cassent les pattes. On le décèle par l'abondance de végétation.
On croise les ruines d'une bergerie qui se fond dans le paysage minéral.
Paysage de dégradation d'une forêt originelle en surpâturage. Aujourd'hui, la forêt tend à reconquérir le terrain, mais l'ONF abat les arbres pour protéger la flore incompatible avec la présence d'une forêt.
Le site reste aride, lunaire, parsemé de lapiaz.
L'eau creuse la roche calcaire, le gel la fait éclater.
La région de col de Vence et de Saint Barnabé est modelée par le pastoralisme. Certains ont cru voir des "camps ligures" dans les ruines des pierres, mais ce n'est pas prouvé. Il s'agit bien souvent des vestiges d'enclos.
C'est avec ces dernières vues d'épierrement et d'enclos sous le hameau de Saint Barnabé que nous repartons.
Un grand merci au CHAAM pour cette journée passionnante.
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