Cliquer sur les photos pour les agrandir.
Sortie très dense ce 16 février 2014 en compagnie du CHAAM. Nous avons visité le village fortifié de Saint Paul de Vence.
..............................................
Le village domine le Malvan à l'est, le Loup à l'ouest. Situé sur un promontoire, il est proche du Var et du littoral. C'est un carrefour important qui a été ville royale et un point clé de la défense du royaume.
-
OCCUPATION DU SITE
Du fait de son implantation perchée, on peut penser que le plateau du Puy était occupé dans des temps primitifs par les Oxibiens, tribu ligure, mais aucune trace n'a été retrouvée. Le mot "Puy" vient de "podium", c'est-à-dire "sommet". Quelques indices ténus de l'époque romaine ont été mis à jour.
Selon l'hypothèse de M. Potter, entre le 6° et 10° siècle, il y aurait eu d'abord un habitat et une première église sur le plateau du Puy, où se trouve aujourd'hui le cimeteière, puis, à partir du 12° siècle, après l'expulsion des Sarrazins, la féodalité se met en place et une famille seigneuriale s'installe sur la partie haute du site.
Au 14° siècle, une enceinte médiévale entoure les deux parties.
Au 16° siècle, environ 500 personnes furent expropriées et 75 à 80 maisons, ainsi que deux chapelles, détruites pour construire de nouveaux remparts. Les habitants s'installèrent à la Colle sur Loup et à Roquefort.
-
LES BASTIONS
Saint Paul de Vence possède un des tous premiers exemples de bastion utilisé en royaume de France. Cette architecture était surtout répandue au Piémont. À la porte de Vence, bastion Royal et bastion du Dauphin se regardent. Le canon Lacan, encore en place au bastion du Dauphin, faisait face au canon, aujourd'hui disparu, du bastion Royal, en tir croisé.
Plus tard, Vauban améliorera le dispositif par une plateforme d'artillerie avec plusieurs canons.
Le canon Lacan porte le nom d'un artilleur saint-paulois de François Ier. En 1544, le roi de France est victorieux de Charles Quint à la bataille de Ceresole d'Alba, où le contingent de Saint Paul participe. L'artilleur aurait ramené le canon. Ce n'est pas certain car le canon semble plutôt être du 17° siècle que du 16°.
Au dessus du canon, la grosse pierre blanche, aujourd'hui illisible, commémore la bataille. Une autre plus petite a été posée au dessous en souvenir de la deuxième guerre mondiale.
On retrouve le même type de construction à la porte sud.
-
LES TOURS
Deux tours remarquables se dressent dans le village.
- la tour à mâchiscoulis : tour de la porte nord, elle est un vestige de l'enceinte médiévale.
- la tour de l'Esperon : tour médiévale dont les créneaux ont été transformés en fenêtres, elle servit de magasin à poudre, puis de prison.
-
LES REMPARTS
En 1524, Charles de Bourbon, ancien connétable de France passé au service de Charles Quint, envahit la Provence, passe le Var, investit Saint Paul de Vence, parvient jusqu'à Marseille où il est vaincu et doit se replier en repassant par le Var. La défense de Saint Paul, insuffisante, n'a pas permis d'arrêter les troupes impériales.
En 1536, nouvelle invasion de Charles Quint qui brûle Antibes. Saint Paul ne sera pas investi. Charles Quint subit un revers militaire et repart.
Du fait de ces invasions, François Ier prend conscience que sa base sud est mal défendue, d'autant que Charles Quint est allié à la Maison de Savoie qui possède le Comté de Nice voisin.
Dès 1536, des travaux d'amélioration de la défense commencent.
En 1538, une trêve de 10 ans est signée entre Charles Quint et François 1er à Nice. À cette occasion, le roi vient à Saint Paul de Vence, car c'est un point stratégique et décide de fortifier les remparts.
En 1543, la trêve est rompue. C'est le siège de Nice. Saint Paul se transforme en place forte, verrou de la défense du sud-est.
En 1546, débute la construction des remparts. Pour la première fois, l'ingénieur militaire qui en est à l'origine est français. Il s'agit de Jean-Renaud de Saint Rémy. Habituellement, les ingénieurs italiens se chargeaint de ces constructions.
En 1547, le roi meurt. L'ouvrage est inachevé. La France sombre dans les guerres de religion. Henri IV devient roi de France. La Ligue catholique s'oppose à lui. À partir de 1589, Saint Paul se rallie à la Ligue. La Maison de Savoie qui soutient la Ligue, occupe Saint Paul. À cette occasion, les travaux sont terminés.
En 1693 et 1700, Vauban visite Saint Paul de Vence. Les bastions sont transformés. En 1707, la France entre en guerre, les travaux n'ont pas été achevés, l'ennemi ouvre une brèche.
Lieu de la brèche. Les pierres ne sont pas bien taillées, elles sont mal assemblées comparativement à l'autre pan de mur.
Une pierre de commémoration est posée sur la muraille.
En 1820, 1830, la Savoie reviendra à nouveau, les fortifications seront restaurées. Tout un tronçon est reconstruit. En 1860, suite à l'annexion du Comté de Nice, Saint Paul perd son intérêt défensif. En 1870, il est démilitarisé.
En 1872, le maire obtient le rachat des remparts, ce qui a permis de conserver les murailles. En 1973, le site est classé monument historique.
Aujourd'hui, l'art prend son envol au dessus des murailles, environné des vignes de Saint Paul et de paysages vallonnés...
-
LE VILLAGE
Le village possède deux portes, la porte de Vence au nord...
... la porte de Nice au sud.
Ces portes sont reliées par une rue principale, la rue Grande qui traverse le village. Quelques maisons de maîtres jalonnent la rue.
- La maison Bernardi, Place de la Grande Fontaine, ancienne place du marché. La place était le cœur de l'animation du village, avec son marché, son lavoir et sa fontaine.
- La maison des Alziari de Roquefort, face à la Placette dont le point d'eau était signalé au 17° siècle. L'entrée de la demeure est monumentale.
Quelques informations sur la famille Alziari : Les Alziari de Roquefort ont racheté l'ile de Saint Honorat à la révolution. Honoré Alziari, viguier de Saint Paul, abandonne sa charge pour se lancer dans le théâtre avec ses deux filles.
Au fil de la promenade, nous rencontrons d'autres témoins du passé, comme cette citerne du 16° ou 17° siècle qui recueillait l'eau de pluie...
... cette tour médiévale avec sa canonnière et ses pierres d'arrachement, vestiges du rempart médiéval. Le rempart a été déplacé loin des maisons au 16° siècle.
Certains linteaux ont perdu leur blason, martelé à la révolution française...
... on les retrouve parfois sur le mur en face...
Les vitrines modernes épousent les échoppes d'antan...
Les ruelles sombres filent vers la lumière.
-
L'ÉGLISE
L'église daterait du 13° siècle d'après l'étude de son architecture car il n'existe pas d'écrit sur ce sujet. Un texte de 1322 la cite en vicairie perpétuelle.
Il y eut d'abord un premier corps de bâtiment, puis des collatéraux furent rajoutés à droite et à gauche fin 15° siècle et au cours du 16°. Le clocher, effondré au nord, fut reconstruit au sud.
-
LE DONJON
Le donjon est un vestige du château médiéval aujourd'hui disparu. Il daterait du 12° siècle car il présente des pierres à bossage. Remanié plusieurs fois au cours des siècle, les pierres à bossage de la partie haute sont plus petites, comme cela se pratiquait au 13° siècle.
Le château subit des dégâts lorsque les comtes de Provence tentent de reconquérir leur autorité sur les seigneurs locaux qui avaient pris leur indépendance. Vers 1220 - 1230, le comte Berenger V s'attaque au consulat de Grasse, de Nice, les supprime et met au pas les seigneurs. En 1224, Berenger V est à Saint Paul de Vence, met Lerins sous sa protection et confie le fief à Romée de Villeneuve, d'ou le nom du village Villeneuve Loubet.
En 1227, franchise et privilège sont attribués à Saint Paul par le comte.
Progressivement, le château sera démoli.
Le donjon comporte quatre niveaux.
Au niveau zéro, il n'y a rien. La porte se trouve au niveau 1. Une échelle de bois devait sans doute être posée et retirée au besoin des passages.
Un escalier de pierre grimpe du niveau 1 au niveau 2. Pour atteindre le niveau 3, il est probable qu'était mise en place une excroissance de bois aujourd'hui disparue.
La visite de Saint Paul de Vence s'achève devant une pierre de pressoir d'un moulin à huile dont on ne connait pas la provenance. Elle est posée devant le musée d'histoire locale et laisse perplexes les éminents membres du CHAAM.
Les moulins à huile ont fonctionné jusqu'en 1920.
Une journée riche en découvertes. Merci à Denis Biette, notre brillant organisateur.
Encore quelques images avant de se quitter...
Commenter cet article