09/09/2018
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L’Authion pendant la Révolution
Septembre 1792 : les troupes françaises envahissent le Comté de Nice ; l’Authion est fortifié par les Piémontais et leurs alliés autrichiens pour fermer la route du Piémont par le col de Tende.
8 au 12 juin 1793 : les Français subissent une défaite sur l’Authion.
Au printemps 1793, les positions semblent établies. Les Français ont pris le contrôle du littoral, de la vallée du Var et d’une partie de la Vésubie. Deux armées se font face. Les Français sont à Belvédère, à La Bollène, à Peira Cava, à Lucéram, à l’Escarène et au col de Braus. Les Austro-Sardes occupent les crêtes du Capelet à l’Agaisen. Le dispositif s’articule autour des camps de l’Authion au centre (4 000 hommes) et de l’ensemble Brouis-Linières au Sud (7 000 hommes).
[...]
Malgré la neige tardive, les Piémontais ont entamé, dès le mois de mai, des travaux considérables pour transformer l’Authion en camp retranché [6]. Des épaulements en terre, des tranchées et des batteries sont dressés à Tueis, à Plan Caval et à Parpella pour fortifier la position et la rendre inexpugnable. Des redoutes sont mises en chantier au sommet des Mille Fourches et de la Forca.
Le 8 juin 1793, les Français conduits par le général Brunet attaque l'Authion. 20 000 hommes sont engagés dans l'offensive.
R. MILLE évoque l’angoisse qui devait tirailler les combattants français montant à l’assaut de ces pentes vertigineuses en juin 1793 :
Ces foutues montagnes ! La plupart n’en avait jamais vu des montagnes aussi hautes, ils venaient de Marseille, de l’Hérault, de la Drôme, du Vaucluse, conscrits et volontaires mêlés, ils venaient de la plaine et du soleil. La montagne : une succession de ravins, de failles, de précipices, de pentes qu’il allait falloir escalader sous la mitraille et la canonnade.(…) et puis cette masse noire qui coupait l’horizon, une sorte de grosse bête pointue du bout, la bête de l’Authion
Les pertes sont considérables. L'intendant Mattone di Benevello note le 20 juin :
On assure qu’il a été accordé à l’ennemi un armistice de trois jours pour ensevelir ses morts. C’était indispensable : l’air était empoisonné
Printemps 1794 : les Français contournent l’Authion par l’Est (territoire neutre de la République de Gênes) et les Piémontais, pris à revers, doivent l’évacuer en avril ; le Comté de Nice passe alors entièrement sous contrôle français jusqu’à la fin du Premier Empire.
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1897-1899 : construction de la Redoute de la Pointe des Trois Communes.
Parallèlement, des baraquements sont aménagés pour loger les troupes en manœuvre dans l’Authion (Cabanes Vieilles en 1890) : casernes, mais aussi écuries, entrepôts, citernes, poudrières.
1930 : la défense de l’Authion est renforcée par la construction de forts Maginot et un camp de baraquements pour les chasseurs alpins à Plan-Caval. L’Authion constitue un maillon essentiel de la ligne Maginot des Alpes.
Les stèles
Le Camp de Cabanes-Vieilles
1890-1891 :construction de baraquements en bois en contrebas de l’ouvrage des Mille-Fourches pour héberger un bataillon.
1905 : agrandissement du camp ; logements de soldats, cuisines, écuries, magasins aux vivres, au matériel et aux munitions.
1912-1914 : une partie des bâtiments en bois est remplacée par des bâtiments en pierres
1929 : Installation d’un téléphérique pour assurer la liaison avec la route de Moulinet et ravitailler facilement le camp.
A partir de 1940 : baraquements investis par l’occupant et reconquis le 11 avril 1945.
Le char Stuart
Char d’assaut américain de modèle « Stuart » ; à l’occasion du soixantième anniversaire de la Libération, la commune de Moulinet, le CG 06 et le parc national du Mercantour ont retiré le char du vallon et l’ont érigé en monument à la mémoire des victimes de la 1re DFL
Plan-Caval
1887-1890 : Aménagement de la batterie de Plan-Caval (les batteries d’artillerie complètent l’armement des forts éventuellement au niveau des angles morts) au pied de la Redoute des Trois Communes avec plusieurs canons ; cette batterie sera armée jusqu’en 1915.
Aussi construction de 4 baraquements qui peuvent loger environ 250 hommes.
1938 : Construction d’un ouvrage Maginot avec 6 blocs de combat (3 d’infanterie et 3 d’artillerie) construits sous la batterie ; un des derniers ouvrages Maginot mis en chantier ; mais seuls, trois blocs d’infanterie sont terminés en 1940.
Même aspect que tous les ouvrages Maginot de la région :
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Organes de soutien aménagés en souterrain creusé dans la montagne (non terminé)
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Organes de combat dispersés en surface sous forme de blocs (ouvrages bétonnés parfois recouvert de cailloux pour améliorer le camouflage). Cloches GFM (Guetteur et Fusil-Mitrailleur).
1945 : les Allemands se retranchent à Plan-Caval et l’ouvrage est récupéré par les assaillants le 12 avril.
La Redoute de la Pointe des Trois Communes
La Pointe des Trois Communes est l’endroit où se relient les territoires de la Bollène-Vésubie, Breil-sur-Roya et Saorge ; elle protège les forts de la Forca et des Mille-Fourches.
Construite de 1897 à 1899 sur trois ans sur l’emplacement d’une ancienne batterie sarde sur le point culminant de l’Authion à 2080m.
Premier fort des Alpes construit en béton armé ; mais associe maçonnerie en pierre et béton armé (« prototype » qui illustre l’évolution des techniques, transition entre les ouvrages Séré de Rivières et les ouvrages Maginot) ; seuls les côtés exposés au tirs italiens sont renforcés par du béton (pas le côté de l’entrée qui est en pierres de taille). Ce type de maçonnerie résiste aux nouveaux obus torpille.
Architecture médiévale composée d’une tour d’infanterie pentagonale sur 4 niveaux entourée d’un fossé sec.
A proximité se trouvent les 4 baraquements de la Tête de l’Authion.
Le fort de la Forca
Construit à la place d’une ancienne redoute sarde à 2078m d’altitude de 1887 à 1891.
Il est édifié en maçonnerie de moellons par le même architecte que l’ouvrage des Mille-Fourches sur un plan presque identique. Petit fort dotée d’une façade avec peu d’ouvertures et ceinturé d’un fossé flanqué de caponnières (casemates destinées au flanquement des fossés) bétonnées.
Il fonctionne en binôme avec le fort des Mille-Fourches
Aussi baraquement extérieur pour une demi-compagnie soit 112 hommes.
Le fort des Mille-Fourches
Construit entre 1887 et 1890, copie du fort de la Forca avec lequel il fonctionne en binôme
Façade avec peu d’ouvertures ceinturée d’un fossé flanqué de caponnières bétonnées ; cour intérieure remplacée par une salle voûtée.
Baraquement extérieur pour ½ compagnie.
Souvent qualifiées de trous d'obus, les traces que l'on aperçoit dans le paysage sont en réalité les marques laissées par les tentes des armées de 1793.
Plus d'explications dans l'article ci-dessous :
Quelques images du paysage dans le brouillard...
... avant de se quitter sur cette jolie promenade en images et musique d'Odile Lacaille d'Esse, à qui nous devons aussi toutes les explications ci-dessus et que nous remercions pour cette passionnante sortie, ainsi que Jean-Louis Depardieu, Bernard Brunstein et tous les intervenants occasionnels qui ont enrichi de leurs connaissances les paysages chargés d'histoire que nous avons traversés.
En images et en musique par Odile Lacaille d'Esse :
Fortifications de la fin du XIX siècle dans le massif de l'Authion (parc national du Mercantour)
Les photos de Denis Solaro :
Quelques liens, aimablement signalés par Claude Lazzerini, pour approfondir le sujet :
Authion Printemps 1945 - Dans les pas de Jacques & René, BM 21 de la 1ère DFL
Reportage de Pascal Vanotti retraçant les derniers combats du BM 21, unité de la 1ere Division française Libre, lors de sa dernière campagne au printemps 1945 à l'Authion (Alpes Maritimes) ...
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