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Dimanche 6 novembre 2016, sortie à Fayence et Seillans.
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FAYENCE
- Ecomusée de Fayence:
Le musée s'est installé dans le moulin à huile du XVIIe siècle.
Sur un pan de mur se trouvent les chapelles à huile. Elles abritent aujourd'hui divers objets : matériel pour la chasse avec ingénieux appeaux, nécessaire pour cheminée, et même un pot à saindoux rempli... de saindoux de l'époque !
Détails et explication ci-dessous :
On y trouve aussi des oiseaux empaillés, des bidons pour le lait, une ruche d'antan...
... et parmi tout ceci, de drôles de planchettes munies de pinces pour aplatir et faire le pli des pantalons, un bâton à cirer le sol, et la poétique cloche des rêves. En fait, cinq cloches avec leur battant et leur son du grave vers l'aigu et la sixième, sans battant, sonnant le silence des rêves... Il suffit de fermer les yeux, de faire un vœu en écoutant sonner les cloches l'une après l'autre jusqu'à la sixième. Quand le silence de la sixième a retenti, ouvrir les yeux et revenir dans 6 mois ; le vœu sera exaucé.
Attenant au moulin à huile, le moulin à farine du XIIIe siècle (qui fut coupé en deux pour construire le moulin à huile). Ce moulin fonctionnait avec une roue à augets, restaurée à l'initiative de l'écomusée.
Sous la voûte de pierre, la meule ronde où l'on broyait le blé. Il aurait produit jusqu'à 1,300 tonne par jour.
Des cuillères, exhumées de la chambre des eaux, sont exposées sur le mur...
Au sous-sol...
... le canal d'évacuation de l'eau auprès de la roue.
L'eau était amenée au moulin par ce béal.
Dans le jardin, un puits à noria parfaitement conservé complète l'ensemble hydraulique.
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- La chapelle Notre-Dame-des-Cyprès
Notre-Dame-des-Cyprès dépendait de l'abbaye de Lérins. C'est un monument médiéval majeur.
Encastrées dans l'épaisseur du mur extérieur, d'énigmatiques niches, peut-être des enfeus...
À l'intérieur, un retable raconte la vie de la Vierge.
Dès la moitié du XVIIe siècle, l'église reçoit des ex-votos.
Un tableau à l'iconographie rare : la Trinité avec une représentation physique de Dieu.
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SEILLANS
- La chapelle Notre-Dame de l'Ormeau
Bâtie au XIIIe siècle, Notre-Dame de l'Ormeau est érigée sur les ruines d'une église en bois du VIIIe siècle qui a brûlé en 1156.
Elle abrite ojets anciens et belles histoires...
Scellé sur un mur, un cippe romain découvert en 1888. Il servait de table d'autel de la chapelle. La table était branlante ; le curé de l'époque veut la réparer, fait tomber la pierre qui ferme le cippe. En se cassant, l'enduit qui recouvre la pierre se détache, le curé découvre les sculptures et inscriptions, ainsi que l'urne avec des cendres. Les cendres, d'après l'inscription, seraient celle d'un esclave libre et de sa femme et le cippe aurait été offert par le maître.
A la mairie de Callian se trouve un autre cippe, entier, avec les cendres des trois enfants du couple.
A côté du cippe, un fragment de chancel sculpté. Dans les premières églises paléochrétiennes, le chancel était en pierre. La messe étant en grec ou latin, le curé se référait au sculptures du chancel pour expliquer son propos aux fidèles.
Ce fragment serait le plus vieux fragment de chancel paléochrétien de France.
Au IVe, Ve siècle, le village actuel de Seillans était juste une vigie. Le premier village était situé à Brovès. Le cippe et le chancel proviendraient son église paléochrétienne.
Sur le mur en face, la chaire :
La chaire a aussi une histoire : Vers 1660, l'église est isolée au milieu des champs et tombe en ruines. Depuis le XIIe siècle, Seillans a son église au village, réservée aux notables. Pour le peuple, la messe, c'est à la vieille église Sainte-Marie dont le toit s'effondre. Le seigneur Pelicot décide de la restaurer, mais l'église est trop petite. Les villageois adressent une pétition à l'évêché qui reste sans réponse. Lorsque l'évêque vient en visite, il est assez mal reçu par la population. L'église est restaurée mais reste trop petite. L'évêque autorise alors les villageois à fréquenter l'église de Seillans et ferme Sainte-Marie qui devient chapelle en 1690. Le seigneur Pelicot avait commandé du bois pour construire la chaire mais, comme la chapelle sera fermée, il opte pour une solution moins onéreuse en la faisant en gypse et stuc. La chaire est peinte et vernie pour imiter le bois. La chapelle a donc sa chaire, mais inutilisable. On ne peut pas y monter, elle est juste ornementale.
Notre-Dame de l'Ormeau recèle l'un des plus beaux rétables de Provence, d'inspiration baroque il retrace la vie de la Vierge et a été sculpté au XVIème siècle.
Les groupes sont sculptés d'un seul tenant et ils sont tous mobiles... enfin, ils l'étaient car à cause de vols répétés dans les églises, ils sont désormais fixés au retable.
Un retable identique se trouve à Vérone, il raconte la vie de Jésus.
Trois ateliers ont travaillé sur le retable :
- le premier devait être de Vérone car on retrouve beaucoup de choses et de couleurs similaires sur les deux.
- le second, sans doute florentin à cause de la caravane en arrière-plan, identique à celle du palais de Laurent le Magnifique.
- le troisième semblerait flamand par les drapés droits typiques.
M. Pelicot, conseiller de François Ier, est le mécène du retable. Lors du dernier voyage du souverain, M. Pelicot pensait que le roi viendrait à Seillans et a fait faire le retable. Mais François Ier n'est pas venu et ne l'a jamais vu.
L'histoire que raconte ce retable est tirée de la Légende dorée et du protoévangile de Jacques.
Ci-dessus, le mariage de Marie, 13 ans et Joseph, 49 ans.
La légende raconte que Marie, belle jeune fille, avait beaucoup de prétendants. Son père ne sachant lequel choisir, décide de s'en remettre à Dieu. Tous les prétendants doivent déposer leur bâton dans une pièce. Joseph, veuf et père de neuf enfants, ne songe pas à participer quand un ange lui apparaît et lui conseille de concourir. C'est le bâton de Joseph qui fleurit, ce sera lui l'époux. On peut remarquer l'enthousiasme des mariés et le dépit d'un prétendant qui, de douleur, se tient la jambe après avoir cassé son bâton sur son genou.
Ci-dessus, un autre groupe montre les rois mages au nombre de quatre. Artaban, roi de Perse fait partie du groupe.
Un personnage rarement rencontré dans les églises françaises : une jeune femme enceinte. Devant elle se tenait la statue de Anne venant de mettre au monde Marie. La sculpture fut attaqué à coups de hache et détruite aux environs de l'an 1550 sans doute dans le but d'atteindre la femme enceinte de l'arrière-plan.
Marie, elle, garde sa virginité perpétuelle.
Dans le groupe ci-dessus, on reconnaît Salomé qui cache de sa main gauche sa main droite aux doigts démesurés depuis qu'elle a osé aller vérifier la virginité de Marie.
Au centre, l'arbre de Jessé est tiré de la Légende dorée car Marie y apparaît, contrairement au Nouveau Testament dans lequel c'est Joseph qui est cité.
Tout en haut, la mort de la Vierge. Saint Thomas arrive en retard, veut que l'on ouvre le tombeau pour voir la Vierge. Le tombeau est vide, la Vierge est montée au ciel. À sa place, dans le tombeau, il y a des pétales de roses.
Derrière le retable, une poutre en bois avec ses peintures :
Ci-dessous, Notre-dame de l'Ormeau.
D'après le carbone 14, le visage, le corps, l'enfant et le premier pli de la robe sont datés entre 1160 et 1200.
Entre 1800 et 1850, on lui rajoute une couronne, on refait le bas de la robe.
En 1900, on la pose sur le socle.
La chapelle reçoit aussi de nombreux ex-votos.
Elle est également dédiée aux enfants malades. Ci-dessus, les quatre tableaux, du haut vers le bas, représentent :
La guérison du choléra pour celui du haut.
Au-dessous, un petit garçon tombe dans le feu mais la Vierge veille...
Le troisième raconte que le 1er janvier 1886, un homme tombe du toit.
Le quatrième relate l'orage magnétique du 4 juin 1892.
Une anecdote concernant cet orage :
Pendant toute la journée, l'orage gronde, les éclairs menacent, mais pas de pluie. Le soir, quand tout se calme, les villageois, rassurés, constatent qu'aucune culture n'a souffert. Une croix en bois est construite, avec sur sa branche horizontale l'inscription :
"EN REMERCIEMENT DE LA TROMBE ELECTRIQUE".
Cette croix a été volée dans les années 1900. Vers les années 2000, la poutre portant l'inscription est retrouvée dans une décharge, récupérée par un musée qui n'a jamais voulu rendre l'objet à Seillans et qui, aujourd'hui, a déménagé en Normandie en emportant la poutre.
Là-haut, une fenêtre, murée à cause du mistral, accueille le tableau d'un Christ en croix...
... ici, le bois et l'or illuminent les vieilles pierres.
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Merci aux organisateurs de cette magnifique sortie et à nos guides pour leurs explications passionnantes.
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