
08/12/2019
Cliquer sur les photos pour les agrandir.
Visite du site antique des Encourdoules et de l'aqueduc romain d'Antiplolis, dit de la Bouillide.
-
SITE ANTIQUE DES ENCOURDOULES
Le site était un pacage pour moutons. De ce fait, des épierrements ont été effectués et les pierres déposées sur les vestiges antiques. Oppidum et village romains n'ont été découverts qu'après sondage.
Tous les épierrements n'ont pas été sondés. Il est probable que d'autres vestiges demeurent cachés.
Un peu d'histoire :
13/11/1315 : première mention du site dont la délimitation se situe entre les communes de Vallauris et d'Antibes. D'abord appelé Cordoa, il deviendra Corula au Moyen-Âge.
Vallauris est cité pour la première fois au Xe siècle. Avant, l'habitat était dispersé. Il n'y avait mention que d'une villa.
Au XVIe siècle, suite à la perte de ses habitants du fait de guerres, épidémies, etc..., le village a été créé par un acte de repeuplement.
En 1860, une inscription romaine est découverte au point 2 du plan ci-dessous. Il s'agit un mausolée daté de la fin du IIe siècle, début IIIe après J.C.
La présence de ce mausolée indique un site funéraire et donc un habitat romain à proximité.
Des sondages sont entrepris.
On y trouve un habitat, des quartiers artisanaux et la trace du premier établissement proto-historique.
L'oppidum est la partie hachurée sur le plan. Des vestiges de son rempart sont encore visibles (sur le plan, les traits noirs plus épais).
Plus d'infos sur les tribus proto-historiques de la région sur ce lien :
Le site est ensuite occupé par les Romains. La porte du village romain est installée à la place de la porte de l'oppidum. Les remparts sont arasés, le village romain débordant l'oppidum.
La porte du village :
Le seuil est toujours en place, avec deux blocs de calcaire de chaque côté percés pour les gonds.
Des vestiges de la porte, dont la clé de voûte ont été retrouvés.
Sur cette dernière, le traditionnel cercle représentant le soleil et une inscription (cf. photo sur le document "LE SITE DES ENCOURDOULES") indiquant que ce monument a été offert par le maître du pays, Cantabe. Il est probable que le nom propre de ce personnage ait été inscrit sur la clé de voûte de l'autre côté, qui n'a pas été retrouvée.
Au vu des vestiges, ce bâtiment a brûlé, mais rien n'indique l'origine de l'incendie.
Voir la reconstitution de la porte sur le document "LE SITE DES ENCOURDOULES".
Les fouilles ont permis de mettre à jour du mobilier ancien de la fin du IIIe siècle avant J.C. Des pièces de monnaie, des cuves, des dolia ont été découverts.
Au IIIe siècle après J.C, le site était encore occupé, abandonné ensuite.
En 1998, un projet de mise en valeur du site voit le jour. Des sondages sont sont faits, débouchant sur une synthèse publiée en 2001.
En 2006, un protocole de protection est instauré, le site est protégé par des géotextiles en attendant son aménagement prévu pour 2008.
En 2019, rien n'a été fait, les géotextiles sont en lambeaux. La décision de recouvrir entièrement le site a été prise et sera bientôt exécutée. Profitons-en avant ensevelissement...
Le village :
Entre des chênes, se dressent les épierrements...
... et les vestiges antiques agrémentés de restes de géotextiles.
Un contre-poids de pressoir en pierre de réemploi indique la présence de pressoirs et donc de cuves sur le site, soit pour l'olive, soit pour le raisin, probablement pour les deux.
L'huile était importante pour les Romains. Elle était utilisée pour un usage religieux, alimentaire, pour l'éclairage, pour les soins du corps.
Quant au vin, les Romains en consommaient beaucoup. Il y avait plusieurs qualités de vins, plus ou moins chers. Ils étaient utilisés dans les rituels et l'alimentation. Un texte de l'époque préconise 260 litres de vin par an et par esclave enchaîné.
Le village aurait été organisé en quartiers artisanaux et quartiers d'habitation. Sur le schéma du document "LE SITES DES ENCOURDOULES" (voir plus haut), on peut visualiser le quartier artisanal, la quantité de cuves.
Le quartier artisanal :
Ci-dessous, il est probable que la cuve soit pour l'huile d'olive car il y avait un trapetum à proximité.
Un "couloir", trop étroit pour être une zone de passage, séparait les deux bâtiments dans lesquels on retrouve des cuves.
La production dépassait certainement les besoins locaux, il y avait sans doute exportation. Des modifications ont été effectuées au fil du temps, le quartier artisanal a été réaménagé, puis abandonné vers la fin du IIe siècle, peut-être suite à l'installation d'une grande villa à proximité, avec une production plus importante.
La quartier de l'habitat :
A côté du quartier artisanal, le quartier des habitations..
Ici, les vestiges d'une maison romaine.
Epoque médiévale :
Au Moyen-Âge, des fours à chaux seront installés sur les ruines.
(Voir sur le plan vers les zones 6/8/9)
Le principe du four à chaux est de faire fondre du calcaire à une température de 1000° à 2000°. La chaux était utilisée pour alcaliniser un terrain trop acide, comme ciment, comme badigeon sur les murs...
Epoque proto-historique :
La présence de la touchante sépulture contemporaine de Chili, le chat...
... et l'assise d'un morceau de rempart de l'oppidum, reste du premier habitat, qui a été arasé par les Romains suite à leur installation sur le site...
... nous rappelle que nous sommes aussi dans une zone funéraire ligure. Des avens à proximité ont été utilisés pour sépulture.
Voir les liens ci-dessous :
L'aven sépulcral de la Mort-de-Lambert à Valbonne (Alpes-Maritimes) par Claude Rucker
Les aspects rituels et cultuels de l'aven de La Mort-de-Lambert par Roland Dufrenne
-
L'AQUEDUC DE LA BOUILLIDE
Pour amener l'eau à Antipolis, il y avait deux aqueducs : celui de Fontvieille, du début du IIIe siècle, et celui de la Bouillide.
L'aqueduc de la Bouillide est le plus ancien. Il pouvait atteindre les parties hautes d'Antipolis, contrairement à celui de Fontvieille qui alimentait les parties basses. Une étude de débit effectuée à deux endroits l'estime entre 50 et 80l/seconde.
Long de 16 km, l'aqueduc de la Bouillide comportait trois ponts sur son parcours : un pont à une arche, un à deux arches et un à cinq arches.
Le pont à une arche :
Ce pont, créé pour faire passer le canal au-dessus du cours d'eau, était recouvert de dalles.
C'est le seul aqueduc romain connu dont dont les petits murets ont un fruit, ils sont construits en oblique vers l'intérieur.
Il ne comporte aucun regard, a une hauteur de voûte de 37 cm. Il est donc impossible à entretenir.
Son débit sera altéré du fait de concrétions, de fuites. On n'a retrouvé du mortier d'étanchéité qu'en quelques endroits.
Ceci explique peut-être la construction ultérieure de l'aqueduc de Fontvielle.
Le pont à deux arches :
Le pont à cinq arches :
Appelé pont de Goa, il aurait traversé deux cours d'eau, la Valmasque et le Goa.
Situé sur les parcelles de quatre propriètaires différents et deux communes différentes, il est difficile d'entreprendre quelques projets de restauration ou conservation.
En 2005, quatre sondages ont estimé une datation du dernier tiers du premier siècle aorès J.C.
Sa longueur serait de 39 m. et sa hauteur de 15 m.
En 2001, un avis favorable pour un classement aux Monuments Historiques est émis.
L'aqueduc aurait fonctionné pendant 160 ans.
Quelques hypothèses quant à l'arrêt de son activité : invasion de populations germaniques, altérations, destructions dues aux tremblements de terre ou à ses concrétions et fuites..
Quelque liens sur les aqueducs d'Antibes :
L'aqueduc antique de la Font Vieille à Antibes : les travaux du XVIIIe siècle et les fouilles récentes du quartier du Val Claret par Robert Thernot avec la collaboration d'Arnaud Coutelas, Laurence Duval, Michel Maurin et Olivier Sivan
Merci à nos guides du jour,
Denis Biette et Bénédict Lacavalerie,
pour toutes leurs passionnantes explications.
☺
___________________________________________________________________________
Commenter cet article