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Le 16 mars 2014, le Cercle d'Histoire et d'Archéologie des Alpes Maritimes s'est penché sur les mines de bauxite du Var.
À Tourves, nous avons visité le musée des Gueules Rouges et sa mine reconstituée.
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Musée des Gueules Rouges à Tourves : Musée de Bauxite en Provence Verte
Le Musée des Gueules Rouges Le nouveau Musée des Gueules Rouges retrace, le long d'un parcours de visite ludique, l'histoire de l'exploitation minière de la bauxite dans le Var. En visite libre ...
La bauxite est découverte par le chimiste Pierre Berthier en 1821 près du village des Baux-de-Provence. Il lui donna le nom de « terre d'alumine des Baux », qui plus tard deviendra "bauxite".
L'exploitation des mines de bauxite débute vers 1876. Les méthodes de production évoluent au fil du temps. D'abord manuelles, elles se mécanisent au cours du XXème siècle.
Ci-dessous, un panneau du musée montrant de haut en bas l'évolution des méthodes de production.
La bauxite, devient "l'or rouge de la Provence" pendant un siècle environ, puis la concurrence des exploitations d'Australie et de Guinée provoque son déclin. Malgré les grèves, les mines ont fermé à la fin des années 1980.
Les mineurs, appelés "Gueules rouges", rentraient chez eux recouverts de poussière rouge. Ils n'avaient aucune protection sociale. La solidarité entre les travailleurs français et italiens se développa. À la suite des grandes grèves de 1936, ils obtinrent une convention collective.
Ils ont marqué l'économie varoise. Ceux d'entre eux restés au pays ont créé l'association des gueules rouges. Les outils et matériels qu'ils ont récupérés a permis l'ouverture du musée.
Dans le musée, nous trouvons aussi la statuette de Sainte Barbe, patronne des mineurs et des artificiers. Elle est fếtée le 4 décembre, la journée est chômée et payée.
Nous sommes passés ensuite dans la lampisterie pour nous équiper d'un casque avant de descendre dans la mine.
Ici, lampes et tenues des mineurs évoluent au fil des générations...
Les jetons de présence sont toujours là. Ils permettaient de pointer les travailleurs mais également de savoir si l'un d'entre eux n'était pas remonté de la mine.
L'ascenceur nous mène à la gare de triage. Notre guide nous explique que le minerai était autrefois remonté en surface par des mulets, puis des wagonnets tirés par un locotracteur et enfin par des camions quand la dimension de la galerie le permettait.
Les ouvriers se déplaçaient sur un drôle de vélo à deux places, le vélomine.
Plusieurs corps de métiers travaillaient dans les galeries : les mineurs, les artificiers, les maçons, celui qui s'occupait des ânes et des mulets, etc... Nous avons découvert leurs ateliers reconstitués en suivant les époques.
L'atelier du maçon qui intervenait pour construire des caniveaux d'évacuation de l'eau, ennemi n°1 dans les mines de bauxite.
Les musettes étaient suspendues pour échapper à deux dangers :
- l'eau qui était n'ennemi n°1 dans les mines de bauxite. Il fallait pomper 24 heures sur 24. Les mines descendaient entre deux cents et quatre cents mètres de profondeur. Des pompes évacuaient l'eau, mais en cas de panne de courant, la mine pouvait être inondée rapidement, d'ou l'utilité du travail des maçons.
- les rats qui appréciaient les casses-croûtes. Les mineurs n'avaient pas le droit d'éliminer les rats car ils prévenaient du danger par leur fuite.
En revanche, il n'y avait pas de coup de grisou dans les mines de bauxite. Les ouvriers avaient même le droit de fumer.
Dans la seconde moitié su XXème siècle, apparition du marteau-piqueur d'un poids de 26 kg, très bruyant, mal accepté par les mineurs. Dans les années 60, il est remplacé par le "jumbo" qui peut forer jusqu'à 3m. Le mineur devient conducteur d'engin, mais se pose alors le problème des gaz d'échappement.
Le géomètre intervient aussi. Parfois, les galeries sont creusées en plan incliné...
Les engins deviennent volumineux.
Les boisages habillent la galerie ou consolident le plafond avec des boulons d'ancrage.
Le travail s'organisait ainsi. Le matin, on forait la roche. Le boutefeu installait les explosifs et à midi, il procédait à l'explosion. Il prévenait en criant trois fois "Ça brûle". L'après-midi, on chargeait les débris. L'explosion retentissante était entendue par les villageois.
Lorsque l'exploitation d'une galerie était terminée, on condamnait celle-ci et on en creusait une autre.
La visite s'achève, la mine a fermé...
Nous remontons au musée.
Nous découvrons les tableaux hyperréalistes de Vidal de Rueda. Les canettes de soda étant en aluminium, l'aluminium étant extrait de la bauxite, les canettes de l'artiste sont à leur place dans ce musée. En voici un aperçu...
Après cette échappée artistisque, revenons à la bauxite et son utilité.
- Qu'est-ce que la bauxite ?
La bauxite est une roche sédimentaire latéritique. Elle se forme par lessivage d'un sol sous couvert végétal en climat tropical humide, sur place ou après transport et dépôt des éléments dissous qui peuvent ainsi sédimenter loin des sols dont ils proviennent. Les bauxites de Provence (le terme "bauxite" vient du nom d'un village, Les-Baux-de-Provence) viennent ainsi de sols du Massif-Central.
Sa couleur blanche, rouge ou grise varie selon la teneur en aluminium et oxyde de fer.
Elle constitue le principal minerai pour la production d'aluminium.
- Transformation de la bauxite :
Les bauxites rouges servent principalement à fabriquer de l'aluminium, après avoir subi une première transformation en alumine. Les blanches, plus riches en silices sont employées en verrerie, céramiques, matériaux réfractaires et ciment. Les grises servent à la fabrication d'abrasifs.
À partir de 1860, l'alumium est utilisé pour la création d'objets précieux, d'orfèvrerie.
Au cours de la grande guerre, les soldats fabriquent des bijoux dans les tranchées...
Dans les années 40, de beaux objets décoratifs sont réalisés.
Après cette matinée dense au fond de la mine, un casse-croûte en plein air s'impose. Les ruines du château de Tourves, l'esplanade avec son obélisque, les colonnades républicaines nous accueillent.
En face, se dressant entre les arbres en fleurs, une statue de la Vierge domine le village.
Dûment restaurés, nous reprenons la route vers les carrières de bauxite.
Notre première halte est pour une grotte rouge, qui est en fait une poche de bauxite exploitée et vidée.
Puis, nous découvrons un lac qui est en réalité une ancienne mine aujourd'hui noyée. La falaise a été retaillée proprement. On distingue les traces verticales sur la roche.
Plus loin un bâtiment, vestige du travail des hommes. C'est ici que les camions récupéraient la bauxite.
Notre dernière halte fut pour la mine de Peygros, la plus grosse des mines de la région. Mine à ciel ouvert, avec une ou deux galeries, elle a été fermée sans être réaménagée.
La bauxite était amenée à la gare du Luc et dirigée ensuite vers Gardane.
Dans cette mine, des glissements de terrain menacent l'Abbaye du Thoronet. Une énorme galerie drainante a été mise en place pour évacuer l'eau et assécher le site.
Ci-dessous, un schéma de la formation de la région et le lien qui l'accompagne.
Encore une sortie passionnante, riches de découvertes.
Merci à notre organisateur pour ses explications tout au long de la journée.
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