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Dimanche 4 décembre 2016, visite du village Le Broc et de son patrimoine.
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Le territoire communal du Broc est issu du regroupement de plusieurs communautés médiévales : Le Broc lui-même, L'Olive, Dosfraires, Fougassières.
Pour plus de détails, voir l'article de Luc THEVENON dans la revue Archéam n°21 que vous pouvez vous procurer ici :
- L'OLIVE
Le "castrum de l'Oliva" est situé en contrebas du village Le Broc. Une jolie balade surplombant le Var et le lac du Broc nous y conduit...
Sur le site, quelques vestiges dans la végétation, les ruines de la chapelle Saint-Michel datée du XIIe siècle, les ruines d'une maison...
Géologiquement parlant, nous sommes sur un éboulis du Jurassique. On retrouve aussi quelques pierres du Trias et on remarque sur l'église des pierres ornementales, fréquentes au Moyen Âge, en tuf de source. Une source se trouve effectivement à 400m de là.
Il paraît qu'au XXe siècle, on faisait sécher des figues ici...
Le site de L'Olive existait en même temps que Le Broc. Les habitants vivaient de la culture des figuiers, oliviers, vignes, blé...
Le village a été probablement abandonné suite à une épidémie de peste. De plus, les fortifications modestes ne permettaient sans doute pas une défense efficace. Les habitants ont migré vers Le Broc. Aucun écrit notifiant un rattachement officiel des deux communes a été retrouvé. L'église du Broc, Sainte-Marie-Madeleine, a été alors agrandie afin d'enterrer les morts de la peste.
En contrebas, un chemin bordé un magnifique mur...
Nous remontons vers le village dans les couleurs d'automne...
... pour nous diriger ensuite vers Dosfraires...
- LA CHAPELLE SAINTE-MARGUERITE DE DOSFRAIRES
Dosfraires était l'un des premiers fiefs, Sainte-Marguerite était son église paroissiale jusqu'en 1841.
A partir de la Dédition de 1388, Dosfraires relève du Comté de Nice. En 1760, une rectification amicale de la frontière cède ce territoire à la France. Il sera rattaché au Broc le 13 mars 1841.
Sainte-Marguerite... à la lumière de l'été...
L'intérieur est sobre. L'autel de maçonnerie et de stuc daterait de la fin XVIIIe.
Au-dessus de l'autel, une toile qui remonte à 1668-70 : la Vierge à l'Enfant surmontant saint Jean-Baptiste et sainte Marguerite, patronne de l'édifice...
... un confessionnal émouvant sous la clarté d'une fenêtre...
Dans une niche, la statue de sainte Marguerite :
Marguerite aurait été jetée dans une fosse avec le dragon qui l'engloutit toute vive. Mais par la vertu de la petite croix qu'elle tenait dans la main, le dos du dragon creva et elle sortit indemne.
Dans l'iconographie, sainte Marguerite tient le dragon en laisse avec une chaîne et sainte Marthe tient la tarasque en laisse avec sa ceinture.
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L'après-midi, visite du Broc.
- LE BROC
La façade du château...
Au détour d'une ruelle, une indiscrétion : un petit coup d'œil par une porte ouverte et un bel escalier au coquillage...
Ici, se dressait une chapelle. Elle a été démolie dans les années 60 pour créer un parking devenu aujourd'hui une placette. La pergola en rappelle l'emplacement.
Plus de détails sur le village en suivant ce lien :
- L'ÉGLISE PAROISSIALE SAINTE-MARIE-MADELEINE
Son clocher, reconstruit au moins partiellement en 1559, apparaît au-dessus du toit...
L'église, datée de 1490, a subi plusieurs transformations. Dans sa façade, une pierre tombale romaine de réemploi.
Son ancienne porte a été fermée, plusieurs remaniements ont laissé leurs traces sur le mur.
Le portail axial est surmonté d'un linteau daté de 1490 en chiffres romains avec une inscription dont Luc Thevenon propose la lecture suivante dans la revue Archéam n°21 :
“ MCCCCXC
D(omi)n(u)s Anton(ius) (...mot illisible : patronyme ?...)
monachi p(ri)or h(ujus) eccle(siae)
Omi(nus) de Meligero (?) in comitatu burgondis
Hoc opus fecit fieri nepote cu(m) he(re)dib(us) Io(han-
nès) dozoli
Ad laude(m) dei v(ir)gi(ni)s Marie S(anc)t(a)
Magd(alena) et S(an)cti A'n)tonii
(des traits d'abréviation, ou tildes, sont portés sur les a et les e)
Proposition de traduction :
1490
Le seigneur Antoine (...mot illisible : patronyme ?...)
moine prieur de cette église
Tout autant (= originaire) que de Méligny (?) dans le
comté de Bourgogne
A fait faire cette œuvre avec le petit-fils et les héritiers de
Jean Dozol
A la gloire de Dieu, de la Vierge Marie, de Sainte Marie-
Madeleine et de Saint Antoine ”
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A l'intérieur, le décor a été transformé en 1938-39 par le peintre Octave Denis Victor Guillonnet qui fut chargé d'orner le chevet, la chapelle latérale gauche et de faire un Chemin de Croix.
Voir l'article sur Archéam pour plus de précisions quant au mobilier de l'église.
Joli moment de poésie avec une vidéo d'Odile Lacaille d'Esse...
- LA CHAPELLE SAINT-ANTOINE-ABBÉ
La première chapelle Saint-Antoine a été détruite. Un acte autorisant sa démolition, daté de 1737, l'atteste. La chapelle est reconstruite ensuite sur la pente d'un terrain situé à droite d'un chemin menant vers Carros.
Cette fresque représenterait le bonheur de vivre au Broc.
Pour dater la fresque, le discret dessin de la comète de Halley, lors de son passage en 1986.
Ci-dessous, détails des fresques...
Saint Antoine-Abbé est représenté avec un petit cochon à ses pieds car, atteint du Mal des Ardents, il réussit à se soigner avec de la graisse de cochon.
Le Mal des Ardents, Feu-Saint-Antoine, Feu Sacré, ou ergotisme, sont les noms donnés à des épidémies dûes à l'ingestion, le plus souvent en temps de disette, de farines contaminées par l'ergot du seigle. L'ergot du seigle est un parasite de certaines graminées qui provoque des maux de ventre, convulsions, gangrènes des membres, brûlures internes.
Au XIe s. l'Ordre des Antonins utilisent à nouveau la graisse de cochon pour soigner la maladie.
C'est sur la douceur bleue de cette chapelle, avec Marie sur un croissant de Lune, des anges et des colombes, que nous quittons Le Broc en remerciant très sincèrement notre guide, madame Tornatore et les organisateurs de cette jolie sortie.
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