22/01/2023
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L’occupation du site remonte à la Préhistoire.
Des fouilles ont révélé un grand ensemble de nécropoles, un sanctuaire massaliote ; on a retrouvé 90 fragments de vases datés du début du IIe siècle avant J.C. C’était un lieu de dépôt votif. Les fidèles brisaient une coupe pour la consacrer au dieu après y avoir inscrit une dédicace, souvent en vers, d'où les tessons.
A l’époque romaine, Auguste lance la construction du monument principal. Les travaux commencent avant ceux de la voie romaine, mais c’est la voie romaine qui est achevée avant le monument. On a retrouvé des empreintes de pas de souliers militaires romains.
Le monument était public et il y avait la présence de militaires.
Les soldats vétérans recevaient un terrain en zone humide qu’ils devaient mettre en valeur. Certains ont dû avoir les marais de Vaugrenier à valoriser à l’époque triumvirale.
La voie romaine est orientée sur l’alignement du monument, le reste du site est aligné sur la voie. Tout autour de ce monument central, on a retrouvé des structures symétriques qui seraient des entrepôts monumentaux, typiques du blé. On a d’autres sites identiques le long de la voie romaine.
Aux environ des années 50, un énorme cumul de précipitations a noyé le site, déposant 55cm de dépôt alluvionnaire sur la voie romaine. Les pluies ont aussi touché Mandelieu et Valescure où le littoral a reculé de 200m.
A partir des années 60 se développent de nouvelles activités. On récupère sans doute les murs pour construire plus haut. En bas, on a retrouvé des fours de briqueterie, des morceaux d’amphores gauloises II et IV faites avec l’argile du site. Il y a eu une briqueterie jusqu’aux années 1930.
En 69, une autre catastrophe touche Vaugrenier, due à la guerre de succession de Néron.
Une bataille, entre Othon, empereur qui vient de Rome, et Vitellius avec ses auxiliaires germains a lieu, des armes ont été retrouvées dans une fosse d’exécration : pilum, javelot de cavalerie, carreau de catapulte d'un gros lanceur, sans doute embarqué et lancé depuis la mer. Tacite a raconté cette bataille et les armes sont typiques de tous les corps décrits.
Un résumé de l'histoire ci-dessous :
Une photo aérienne a révélé l'emprise d’un camp romain, probablement provisoire et en relation avec les événements de 69.
Après cet épisode, plus rien de visible, archéologiquement parlant, jusqu’au IVe siècle.
Le mur encore en élévation le long de la voie romaine serait un mur de soutènement des entrepôts. La piste actuelle suit la voie romaine.
Des murs affleurent le sol.
Une brique d’argile kaolin datée d’environ 1920.
La partie postérieure d’une structure qui devait soutenir une terrasse artificielle.
On doit être dans un entrepôt surélevé suite à l’inondation, la voie romaine ayant été, elle aussi, surélevée. Il y avait un sol mosaïqué qui a été arraché, ainsi que des galeries promenoir ornées d’enduit imitant le faux marbre.
Dans la forêt, un peu plus haut, une structure en angle qui est un angle d’entrepôt. Les entrepôts ont été réutilisés pour les poteries, la pêche. On a retrouvé dans une poterie un pigment bleu égyptien, à base de cuivre. Le cuivre était utilisé pour doubler les coques des bateaux.
On est ici sur un site portuaire.
Ce mur devait probablement continuer sans faire d'angle.
Sur ce mur, on constate que l’appareil du bas du mur n’est pas aussi soigné que le haut. Un escalier qui montait sur une esplanade a été arraché.
C'est ici que se trouvait la briqueterie.
Ce mur qui affleure le sol est en réalité haut de 5m.
Il y avait ici un dépôt de munitions pendant la dernière guerre et un mur avec une reprise fin IVe siècle, car on y a retrouvé de la monnaie de cette époque.
Dans le marécage, il y avait le tumulus.
En face, on a vu un oiseau rarissime : l’ibis noir.
Un peu plus haut, dans la forêt, un vestige de mur, daté courant Ier siècle, serait plutôt en faveur d’un système agricole.
Les poteries récupérées dans le sanctuaire grec ont servi pour le remblai des maisons au Ier siècle.
Sur le plateau, l’occupation a été continue des années 60 au Ve siècle.
On a trouvé du mobilier de la fin du Ier siècle, de style néronien marbré, et du mobilier plus récent tout autour.
Dans tous les chemins, on coupe des murs de type exploitation agricole. Une fouille sauvage, faite par un Anglais, aurait mis à jour une cave avec des dolia enterrées. Vin ou huile d’olive ? Tout a été remblayé aujourd’hui.
On a trouvé aussi des traces d’enduit de l’époque néronienne : s’agissait-il d’une grosse villa ? D’une villa avec un village ? Ou juste d’un village ?
Encore un affleurement de mur.
Autour du parking du haut, il y a aussi des murs et du mobilier et la carrière où on extrayait argile pour les potiers.
Après les inondations, les céréales ont-elle été remplacées par une production d’huile ou de vin ?
Pour la petite histoire :
Le contenu d’une charrette de tuiles coûte aussi cher que les tuiles sur 3 milles romains (4,5km) et ne coûte rien par voie maritime.
Pour le blé, la limite du transport terrestre se situe aux alentours de 80 milles. Tout passe par l’eau, le long des rivières.
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Pour voir des photos des fouilles de la campagne 1994-1996, voir l'article écrit par notre guide, Pascal ARNAUD.
En revanche, l'interprétation qu'il avait faite à l'époque n'est plus complètement d'actualité, au vu des dernières lectures qu'il a faites de ce site.
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LE CHÂTEAU DE VAUGRENIER
Privé, il n’est pas accessible au public mais peut se visiter à certains moments.
Voir lien ci-dessous :
Il aurait été construit par René, bâtard de Savoie au début du XVIe siècle.
C’est une demeure rurale rattachée à la famille des Villeneuve. Le château, en ruine, a été restauré, avec un effort de décoration extérieure, comme l’aménagement de la corniche dans le genre des villas palladiennes.
On y trouve aussi une chapelle privée restaurée en style baroque.
Ce qui pose question, c’est la petite porte banale, au rez-de-chaussée alors que les pièces d’accueil et à vivre sont au premier étage. Y avait-il un escalier d’apparat aujourd’hui disparu, ou n’a-t-il jamais été construit ?
Quelques dates :
- 10/04/1444 : première mention de Vaugrenier à propos d’un partage de terres. Dans le texte on trouve la mention « in Val Garnier » et « Val Garnieri », peut-être en relation avec un abbé de Lérins du même nom. On parle aussi de marais du val Garnier.
- 9/04/1516 : document qui atteste de travaux dans la villa Villeneuve
- 7/09/1518 : quittance
- 1519 : prix pour une muraille de la villa Villeneuve, peut-être la date de la construction.
LA NORIA
C’est un système à vis et engrenages qui fait remonter l’eau par godets, afin d’irriguer les plantations alentour. Elle date probablement du XIXe siècle.
LES MÛRIERS
On constate la présence de mûriers plantés en ligne au bord des champs.
Y avait-il une magnanerie ?
On peut se poser la question, d’autant que le blason des Villeneuve se compose de deux cocons croisés.
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Sur le lien ci-dessous, le reportage photos de Jean-Pierre CAVELAN
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Merci à nos guides passionnants, Pascal ARNAUD,
Denis BIETTE, Bénédict LACAVALERIE
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